Chers amis et lecteurs,
Nous avons le plaisir de vous présenter deux petits prodiges Pondichériens qui font preuve d’un certain talent littéraire à travers leurs écrits et qui de ce fait rendent hommage à la communauté tamoule. À dire vrai, depuis mon arrivée en France, chaque fois que je rentrais dans une librairie ou dans une bibliothèque j’avais le rêve secret de trouver aux côtés des autres noms d’auteur celui d’un compatriote Pondichérien ou d’une compatriote Pondichérienne. Aujourd’hui, nous avons deux Pondichériennes pour nous l’assurer: la première, Mireille Santo, toujours souriante, licenciée en lettres, mère de deux enfants, exerçant au musée du Louvre, écrit des nouvelles, des contes et s’exerce au roman. Elle ne vous est pas inconnue car vous avez eu l’occasion de lire deux de ses nouvelles sur notre site. La seconde, AnbaneKayale est lycéenne, calme et réservée, elle hésite à parler, mais ses poèmes parle pour elle. Ces deux jeunes gens peuvent surprendre demain le monde de la francophonie :
J’ai souhaité en connaitre un peu plus sur elles, sur leurs parcours, leurs passions, pourquoi elles ont choisi la littérature…etc. et partager avec vous leurs réponses. Voici nos questions et leurs réponses
Q1. Dites-nous, vousêtes toutes deuxjeunes, il y a plusieurs moyens de passer le temps, pourquoi donc avoir choisi la littérature ?
Je n’ai pas choisi la littérature, c’est elle qui s’est emparée de moi. J’ai grandi sans télé ni jeu vidéo, il y avait à l’époque très peu de distractions à Pondichéry. Je n’avais pas le droit de sortir et il fallait faire passer le temps alors j’ai commencé à lire et cela a été le point de départ. L’écriture est venue bien après.
Anbane Kayale :
En fait, j’ai choisi plus précisément la poésie comme moyen de m’exprimer, étant donné que ma voix ne porte pas, j’utilise l’écriture comme moyen de « communication », et c’est surtout dans mes poésies qu’on peut retrouver mes vrais sentiments.
Q2. Parlez-nous un peu de votre famille. Pensez-vous que l’undes membres de votre famille a enflammé votre esprit littéraire, qui est-ce et Pourquoi ?
Mireille Santo :
Ma mère était institutrice, elle m’a donnée le goût des livres. Il y en avait toujours à la maison. Plus tard au collège, j’ai eu des profs de français fantastiques dont Mme Delain (à qui je profite de rendre hommage) qui m’ont initiée à la littérature et qui m’ont incitée à écrire.
Anbane Kayale :
J’ai toujours pensé que j’étais seule dans ma famille à aimer la poésie, les arts et les romans, la littérature en général, mais je me suis rendue compte que mon grand-père était un littéraire dans l’âme et c’est bien lui le premier à avoir lu mes poèmes, il m’a aussi beaucoup encouragé, tout comme mon père qui l’a fait dés mon plus jeune âge, c’est d’ailleurs grâce à lui que vous avez lu mon poème, et je l’en remercie infiniment Des dessins, à la poésie en passant par les romans, mon père m’a toujours encouragé dans ce que j’entreprenais.
Q3. Mireille, pourquoi avoir choisi d’écrire des nouvelles ?
Mireille Santo :
C’est ce qui m’est venu en premier. Ce format s’est imposé par sa concision, sa précision, son tempo aussi. Je trouve que c’est un format parfait pour dire un maximum de choses dans un minimum de temps. C’est à chaque fois un tour de force, un savant dosage pour arriver à ses fins. Guy de Maupassant, Edgar Allan Poe et Stephen king s’y sontessayés avec le succès qu’on leur connaîtet ont mis ce format à l’honneur. Le dernier prix Nobel de littérature la Canadienne anglophone Alice Munro, décrite comme « la maîtresse de la nouvelle contemporaine » prouve une fois de plus que c’est un genre littéraire majeur promis à un bel avenir.
Q3 Mlle AnbanKayal, Expliquez-nous pourquoi la poésie ? Pourquoi-pas des nouvelles ou d’autres formats ?
Anbane Kayale :
Comme je vous l’ai dit précédemment, je n’ai pas uniquement écrit des poésies mais j’ai aussi écrit de longues histoires. Je ne pense pas pouvoir écrire de nouvelles car je laisse mon imagination guider ma main lorsque j’écris, ce qui ce termine souvent par de très longues histoires de plus d’une centaine de page … Mais les poésies ne me viennent à l’esprit que par bride de mot que je tisse ensemble pour en former une. La richesse des mots font de ma poésie ce qu’elle est, je trouve qu’il n’y a pas besoin de dire plus qu’il ne faut comme dans les romans par exemple, car un seul mot suffit pour tout dire.
Q4. A quel âge avez-vous commencé à écrire ? Comment se sont passés les premiers écrits ? A qui les avez-vous montrés ? Comment ces écrits ont-ils été reçus?
Mireille Santo :
J’ai fait l’apprentissage de l’écriture à la maternelle comme tous les enfants et puis en primaire j’ai commencé à écrire mes premières historiettes sur du papier blanc qui enveloppait le pain de mie. Ces historiettes étaient de vrais plagiats. A l’adolescence l’écriture est devenue un exutoire, une échappatoire, un refuge où je consignais toutes mes pensées. Ce fut la période de l’écriture auto centrée et secrète. Aujourd’hui adulte j’ai osé passer le pas et j’ai participé à un concours de nouvelles du personnel du Ministère de la Culture. Ma nouvelle a été primée. J’ai été à mon grand étonnement félicitée et chaudement encouragée. Cet épisode de ma vie a été un véritable déclic. Ensuite il y a eu vous M.Nagaratinam qui m’avait publiée dans votre blog et avez trouvé les mots justes pour me donner des ailes et me convaincre de publier.
Anbane Kayale :
Vers l’âge de 12 ans, j’ai commencé à écrire des petites histoires, mais les poésies ne me sont venues que très récemment, c’est à dire, il y a moins d’un an. C’est souvent très tard le soir que je me mets à écrire mes poèmes, le moment où j’ai le plus d’imagination et où les mots me viennent sans même m’en rendre compte. C’est donc mon grand-père qui a lu mes premiers écrits et qui m’a encouragé à en écrire davantage.
Q5.Vous êtes fille/femme et habitez dans un pays occidental, comment voyez-vous la situation des femmes indiennes en France ?
Mireille Santo :
Le sort des femmes indiennes en France est fort enviable comparé à celui des femmes en Inde. Je ne les plains pas, je déplore juste leur manque d’ouverture d’esprit, leur manque de curiosité et ce rôle limité dans lequel elle se cantonne volontiers.
Anbane Kayale :
J’ai souvent pensé que les femmes indiennes n’avaient pas assez de libertés, bien sûr, imposer quelques limites est toujours une bonne chose en soi, mais trop d’interdiction revient à peu de liberté. Les femmes en Inde devraient avoir les mêmes droits que les hommes.
Q6. Vos œuvres, parleront-elles de ces problèmes ?
Mireille Santo :
Mes nouvelles parlent beaucoup des femmes et de toutes sortes de sujets, ces sujets-là ne sont pas exclus.
Anbane Kayale :
Si le sujet ce porte bien, bien sûr que mes poésies pourraient parler de ces problèmes soulevés de manière subtil dans celles-ci.
Q7. Comme vous avez déjà commencé à écrire, vous devez beaucoup lire.Qui sont vos auteurs préférés et pourquoi ?
Mireille Santo :
Mon auteur français classique préféré reste Guy de Maupassant pour la limpidité et la clarté de son écriture. Mon écrivain contemporain préféré est une femme : Amélie Nothomb. C’est une plume prodigieuse à qui je pourrais écrire une lettre d’amour. Mes auteurs indiens fétiches sont :Aravindadiga, ArundhatiRoy et Anita Nair pour ne citer qu’eux.
Anbane Kayale :
En effet, j’ai beaucoup lu, mes romans préférés sont des histoires fictives, je pourrais citer parmi mes auteurs préférés Pierre Bottero, qui a écrit de magnifique romans.
Q8. Vous êtes toute les deuxfrançaises d’origine tamoule est-ce que vous avez déjà lu des nouvelles ou des poèmes tamoules ?
Mireille Santo :
J’ai déjà lu Barathiyar comme tout le monde et la dernière nouvelle tamoule que j’ai lu est la vôtre : La rumeur. J’avoue bien volontiers que mon tamoul est limité et que je lis peu en tamoul.
Anbane Kayale :
Non, je n’ai pas eu la chance de pouvoir lire des nouvelles tamoules mais j’ai eu l’occasion de lire quelques poèmes, ceux de Bharathi Dasan.
Q9. A nos jeunes Pondichériens, que voulez-vous dire ?
Mireille Santo :
Lisez, les livres sont les meilleurs amis de l’homme.Les voyages forment la jeunesse et les écrits forment l’esprit.
Anbane Kayale :
Ce que je dirais à nos chers lecteurs, c’est de continuer à ouvrir les livres de littérature afin de se cultiver et de s’enrichir, il n’y a pas de limites en ce qui concerne l’apprentissage, et ce, pour toutes les personnes, quelque soit l’âge, étant donné que je suis moi même jeune.Mais j’aimerais surtout qu’ils gardent un esprit critique, quoiqu’ils lisent.Je vous remercie d’avoir jeté un œil à mes ouvrages, en espérant qu’il vous plaise.
-Nagarathinam krishna
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