Chers amis
L’équipe de Chassé-croisé se permet, en cette fin d’année de vous souhaiter:
Bonne et heureuse nouvelle année à tous nos lecteurs
Chassé -Croisé:France-Inde
La présence des femmes-poètes en langue tamoule n’est pas un phénomène nouveau. Dès la période de Sangam (entre 1er et 4e siècle), les femmes de toutes classes confondues, en nombre égal aux hommes ont apporté à la langue tamoule une valeur inestimable, une beauté sublime à l’aide de leurs plumes. Aujourd’hui, elles sont plus nombreuses. Parmi elles, l’équipe de chassé-croisé a choisi les quatre poétesses qui se distinguent par leur courage et leur approche en matière d’innovation des mots. D’ailleurs, ces femmes ont osé aborder sans fard les sujets considérés, jusqu’ici dans la société tamoule, comme tabou.
Malathi Maithri(1968) Née à Pondichery, est une des figures emblématique qui ont métamorphosé et secoué le monde de la poésie dès 1990. A son actif, elle présente un recueil d’essais et trois recueils de poèmes.
Celle qui assemble les cieux
A l’image du ciel qui emplit
La coquille vide
Après la naissance de l’oisillon
Ainsi le désir emplit
Tout.
Ma fille assemble
Des morceaux de ciel dispersés
Par le battement d’ailes
Des oiseaux migrateurs.
Comme un jeu mystérieux.
Le bleu colle à ses mains.
– Malathi Maithri
______________________________________
Salma(1968) : née au sud de Tamilnadu (Inde), est reconnue comme féministe et très appréciée à la fois pour ses poèmes et pour ses essais. Son travail combine un franc-parler rare sur les zones taboues de l’expérience des femmes tamoules traditionnelles avec un langage d’intensité comprimé et la résonance métaphorique surprenante.
La rouille du silence
Quand j’espère tes mots
Un lourd silence tombe
Et emplit l’espace
Tout entier.
Il est plus aisé
De croire au silence
Que de croire les mots
Bien que le silence aussi finisse par rouiller.
-Salma
___________________________________________
Kutti Revathi ( 1974) : C’est le nom de plume du Dr S. Revathi. Poétesse tamoul de Chennai (Tamilnadu), Inde, elle est une des rares femmes qui se bat sans relâche pour son existence à travers ses vers révolutionnaires.Sa poésie cherche à évoluer une langue subversive, à explorer et à récupérer un royaume qui était longtemps aux mains des hommes.
Mon amour
Qu’il flotte dans l’eau
Comme une masse nuageuse;
Vous ne pouvez déchiquetez l’eau.
Qu’il fleurisse comme un arbre
Poussant ses branches le long des courants des rivières.
Qu’il s’écoule pour toujours, qu’il ne soit jamais immobile.
Laissez le tenir dans ses flots de fiers chevaux au galop.
Que son œil , telle une grande croix perce le ciel.
– Kutti Revathy
__________________
Sukirtharani est née au Tamilnadu. Elle enseigne dans un lycée du Tamilnadu et avant tout, une poétesse engagée de la langue tamoule. Elle a publié quatre recueils de poésie: Kaippatri Yen Kanavu Kel, Iravu Mirugam, Avalai Mozhi Peyarthal et Theendap Pataatha Muththam. Elle est lauréate du Prix Sundhara Ramasamy de Neithal Ilakkiya Amaippu, Nagercoil, Tamil Nadu.
Le soldat
Avec ces mêmes yeux
J’observe
Les arbres font de nouvelles feuilles, puis des fruits ;
L’été, les feuilles jaunes,
Les graines, les racines, les ombres,
champs de bataille et mort,
tu as été tué
et tu retournes à la vie.
-Sukirtharani
—–
TRADUITS PAR MIREILLE SANTO
Mireille Santo : C’est une femme de lettres indienne francophone.Née à Pondichéry, elle a eu son bac littéraire au lycée français de Pondichéry, sa licence de lettres modernes à Paris XIII. Depuis dix ans elle travaille comme gestionnaire administratif au Musée du Louvre, Paris. Passionnée de l’écriture, elle a écrit déjà plusieurs nouvelles sur l’Inde dont une qui a été primée par le CAP du ministère de la culture en 2008.