Archives Mensuelles: janvier 2015

Ambai à Paris -Mireille Santo

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Ambai 1Un samedi de décembre 2014 pluvieux: le ciel est gris sur Paris, un crachin incessant mouille la ville. Aucune envie de mettre le nez dehors. Pourtant le mail est là : Ambaï est de passage à Paris, invitée par une association Srilankaise ( Teddalum Pagirdalum). C.S Lakshmi de son vrai nom: femme de lettres à la trajectoire peu commune, une occasion en or de rencontrer une grande dame. Prenant ma curiosité d’une main et mon parapluie de l’autre, me voilà parti sous une pluie persistante. L’adresse est obscure et il n’y a aucune indication particulière mais sur une porte une affichette me remet sur le bon chemin. Je débouche sur une sorte de salle de classe ou quelques personnes s’affairent. Et je la vois enfin : petite silhouette en Souridar et gros pull. Sa tête blanche aux cheveux coupés courts, ses yeux vifs, son sourire malicieux et ses réponses tranchantes. Elle a 70 ans et de l’énergie à revendre, une truculence qui me laisse rêveuse. Ambai 2Écrivain féministe, engagée et bien de son temps Ambaï surprend par ces prises de position tranchées. Elle parle de tout, des hommes, des femmes, de son parcours et de l’écriture. Elle nous emmène en vadrouille le long de ses anecdotes qu’elle narre avec verve. Ainsi j’apprends qu’il n’y a pas dans la langue tamoule l’équivalent du mot ‘orgasme’. Quel dommage ! Elle pose ainsi la question de la légitimité du désir féminin, de la jouissance féminine. Un frisson parcourt la salle. La voix d’Ambaï ne faiblit pas même si elle rompt parfois. D’où lui viennent cetteAmbai li énergie, cette force et cette détermination qui la porte? Pourtant son parcours n’a pas été simple, on sent la fêlure à fleur de peau, l’hypersensibilité et l’engagement. Elle me touche. Je ne m’attendais à un tel coup de cœur pour une parfaite inconnue. Chacune de ses paroles fait mouche. Elle raconte les critiques acerbes, la misogynie des hommes, l’écriture comme un besoin vital comme un moyen de survie. Elle dit pour finir: certains font des enfants d’autres écrivent des livres. Je souris songeuse. A la fin de son intervention nous sommes présentées officiellement l’une à l’autre: moi, la parfaite inconnue et l’apprenti écrivain et elle, l’auteure tamoule confirmée traduite aujourd’hui en français et dont l’ouvrage sortira sous peu chez Zulma.

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