Archives Mensuelles: mai 2015

Jeyacantane, géant de la littérature tamoule . S .A.Vengada Soupraya Nayagar

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jeyakanthan
« Je raconte tout ce que j’ai vu.
Je raconte votre histoire.
En la lisant
si vous avez des raisons pour en avoir honte
je n’en serai pas indigne » -Jeyacantan

 

 

Jeyacantane, dit J.K qui est mort le 8 avril 2015 à l’âge de 81 ans, était l’un des écrivains tamouls les plus acclamés dans le monde littéraire indien, notamment connu pour ses nouvelles, ses essais et ses romans. Quelques-uns de ses romans tels que « Oru nadigai nadagam paarkiral », « sila nérangalil sila manidhargal », « ounnai pole oruvan » (réalisé par lui-même) sont adaptés au cinéma. Ecrivain prolifique, ses chefs-d’œuvre comprennent « oru manidhan, oru vidu, oru oulagam, ourukku nourou pér, karunayinal allè,etc. Paru en 1966, son roman intitulé Paarisoukkou Pô (Va à Paris) mérite d’être lu pour comprendre le fruit de la rencontre de la culture de l’Inde et celle de la France. (Mon article sur ce roman se trouve dans les archives de Chassé-croisé France Inde, juin 2012)

 
Jeayacantane qui a commencé à écrire vers les années 50, appartient à la lignée des écrivains qui sont influencés par les conceptions marxistes et les courants littéraires d’autres pays. L’œuvre romanesque de ce prosateur est riche et variée : quarantaine de romans, plus de deux cent nouvelles, quinze volumes d’ essais, deux écrits autobiographiques et quelques poèmes.

 
Né le 24 avril 1934 à Cuddalore, Jeyacanthan a eu une enfance dramatique. Le jeune homme ne s’entendait pas avec ses parents stricts. Après avoir quitté l’école prématurément à l’âge de 12 ans, il est parti de chez ses parents pour se refugier chez son oncle à Villupuram. Contraint à exercer de petits métiers pour vivre, il était vendeur des journaux, correcteur d’épreuves ou encore vendeur des chaussures.

 
Vers 1949, il déménage à Chennai où il commence à travailler dans l’imprimerie de « Janasakthi », le journal du parti communiste. Il adhère au parti communiste tout en écrivant ses premiers écrits littéraires dans les revues. Dès le début, son œuvre engagée témoigne toujours de son attachement indéfectible à la lutte contre l’oppression.

 
R.E.Asher dans son article sur « Les aspects de la littérature en prose sur l’Inde du sud », parle des œuvres de Jeyacandin : « dans les premières nouvelles de Jeyacandin, on trouve l’expression de la doctrine marxiste. L’action de ces nouvelles se passe dans un village à part où habitent des hors-caste » L’écrivain souligne la misère et la dégradation qui sont inséparables de la vie de tels villages.

 
L’injustice sociale et le combat des pauvres contre la tyrannie et les privations restent des thèmes omniprésents dans l’œuvre de l’auteur. Cet écrivain connu pour ses écrits et son militantisme contre la brutalité du pouvoir à l’encontre des nécessiteux est connu également pour ses réflexions anticonformistes.

 
A la question « On dit que vous changez souvent d’avis, vous n’avez que des jugements éphémères, est-ce vrai ? », Jeyacantane répond : « Je crois que même ce que vous venez de juger serait éphémère. Je préfère m’exprimer correctement et peu m’importe si mes idées ne sont pas stables. Pour moi, tout ce qui est stable est rigide. Les opinions doivent être firmes et précises, et pas nécessairement stables. »

 
J.K a obtenu de nombreuses distinctions internationales pour ses romans narrant les conditions de vie précaires des villageois, des pauvres et leur lutte contre l’oppression des riches. Observateur du monde social, il nous laisse une galaxie des personnages dont certains sont inoubliables. Décoré du titre Badma Bushan, distingué par de nombreux prix tels que le prix littéraire de Sahitya Akademi, du prix Gnana Pîtam, la plus haute distinction littéraire de l’Inde, Jeayacantane est sans doute un des plus grands géants de la littérature tamoule.
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